Une immense face Nord de l'Ailefroide avec de nombreuses voies. La Devies Gervasutti a été tracée en juillet 1936 par Lucien Devies et Giusto Gervasutti. Quelle grande aventure à cette époque et toujours d'actualité de nos jours.

Depuis le Pré de Madame Carle, nous remontons tout le Glacier Noir, facile mais long. Il nous faut ensuite franchir le Col de Coste Rouge et là, le rocher est vraiment pourri. Le recul glaciaire a creusé ce couloir qui est bien raide sans neige dans sa partie basse. Heureusement la suite est encore en neige et on file vite jusqu'au col. La descente n'est pas mieux, toute pourri mais pas dure, enfin mieux vaut ne pas tomber quand même.
Nous avons choisi de bivouaquer au pied de la voie, juste en face de l'attaque bien à l'abri avec quelques filets d'eau le long des rochers, juste ce qu'il faut pour cuisiner et faire le plein des gourdes. En optimisant bien le matériel, nous ne sommes pas beaucoup chargés et cela ne nous gênera pas pour grimper. La nuit est claire, pas froide et pleine d'étoiles en guise de couverture. La muraille au dessus est impressionnante, 1000m nous sépare du sommet.

La technique du cailloux pour diriger le filet d'eau est parfaite, bravo Vincent pour cette ingéniosité. On décide de partir le matin aux premières lueur du jour afin de ne pas se tromper d'attaque.
La rimaye est béante, les crampons sont indispensables, puis on prend pied sur les rochers pour 30 longueurs !
L'escalade est facile, ne dépassant pas le 4 dans les premières longueurs. Vient la traversée du Couloir de Coste Rouge, bien crado, surement mieux avec un névé qui traine dedans pour aller chercher le premier piton. Là c'est tout sec, sablonneux, terriblement penché vers le vide. On remonte cette petit corniche, la corde qui file sans protection, offrant un pendule déraisonnable au second en cas de chute.

La suite de la voie remonte jusqu'au sommet de la Tour Rouge par de belles longueurs n'excédant pas le 5/5+ mais assez raides et physiques. Les longueurs se protègent bien et quelques pitons sont présents également. Au sommet de la Tour Rouge, par une courte désescalade, on s'engage dans le fameux passage des Dalles Grises. Ici, on n'a pas trop réfléchi longtemps, on remplace les grosses par les chaussons d'escalade et c'est bien mieux comme ça. Le rocher assez lisse, fracturé par endroits, on y trouve quelques pitons et ça protège relativement bien sur petit coinceurs.
A la sortie des Dalles Grises, une légère tension s'efface, un bon morceau de franchi, les difficultés sont derrière nous, cela redevient plus facile, la Barre des Ecrins est en fond de toile. On arrive sur la fissure en Arc de Cercle qui nous fait éviter un bastion hyper raide au dessus de nos têtes. Deux passages possibles, pas le temps de tirer aux dés, nous prenons par la droite, car la cheminée de gauche semble vraiment pourrie. La grimpe reste raide et belle, c'est super de se retrouver dans cette face sur du rocher vraiment correct.

La suite repart à gauche toute en suivant une rampe évidente, puis nous nous engouffrons dans l’immense dièdre de fin qui selon les conditions peut vraiment être difficile. Là, encore une fois, pas de glace, pas d'eau qui ruisselle ou pire, pas de douche. Si, si, j'en ai entendu des histoires sur ce dièdre. Bien heureux pour nous que ça puisse dérouler...
Au sommet, c'est loin d’être fini, il faut rallier le sommet de l'Ailefroide Occidentale par les arêtes puis par un cheminement astucieux qui est la voie normale de l'Occidentale redescendre jusqu’au refuge du Sélé. Nous arrivons à la nuit au refuge, une bonne nuit de repos, nous retrouvons les gardiens, Sophie et Stephano pour un petit déjeuner bien apprécié avant de retrouver la vallée.
Une belle grande course dans la face Nord de l'Ailefroide avec Vincent, une cordée efficace.
